
Mathias
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C’est l’histoire de la fin d’un mythe. Une jolie légende auréolait la Tunisie, « modèle exemplaire » du chantier démocratique dans les pays arabes. Ce petit pays d’Afrique du Nord était gratifié d’une double vertu, célébrée jusqu’à plus soif dans les forums internationaux : il était à la fois le « pionnier » des printemps arabes de 2011 et l’unique « rescapé » de l’automne contre-révolutionnaire qui a suivi dans sa double version djihadiste et prétorienne.
Or voilà que l’icône s’ébrèche. Le 25 juillet 2021, un homme, Kaïs Saïed, élu président deux ans plus tôt, a torpillé l’ouvrage post-2011 en décrétant un régime d’exception. Au nom d’un « peuple » sacralisé dont la voix aurait été confisquée par des institutions parlementaires « corrompues », Kaïs Saïed a mis à bas la démocratie représentative, en attendant d’instaurer une « véritable démocratie » enracinée dans des conseils locaux.
D’où vient cet ovni de la politique tunisienne ? De quoi est-il le nom ? Sa rhétorique sur la démocratie directe n’est-elle que l’habillage d’une restauration de l’autocratie ? L’inquiétude sourd et, à juste titre, chez les démocrates tunisiens.
Lire l’article (Article réservé aux abonnés) de Frédéric Bobin

Il est rare d’approcher la guerre civile qui se déroule dans le nord de l’Éthiopie depuis novembre 2020. Le Monde Afrique n’a ainsi jamais pu se rendre dans la province septentrionale du Tigré, où se sont concentrés l’ensemble des combats pendant près de neuf mois. Mais après l’extension du conflit à la région Amhara, la deuxième plus grande du pays, nous avons pu visiter cette province, théâtre durant plusieurs semaines d’affrontements, de massacres et de pillages.
Dans cette guerre à huis clos, parasitée par des campagnes de propagande tous azimuts, rien n’a plus de valeur que le reportage pour se faire l’écho du drame dont sont victimes les populations civiles du nord de l’Ethiopie, au Tigré et en Amhara. Et documenter, autant que possible, des actes déjà qualifiés par les Nations unies de « possibles crimes de guerre et crimes contre l’humanité ».
Lire l’article (Article réservé aux abonnés) de Noé Hochet-Bodin

Les grandes ONG de conservation anglo-saxonnes exercent une influence importante et controversée sur les politiques de protection de la nature en Afrique centrale. Elles disposent de moyens scientifiques et humains souvent supérieurs aux Etats et savent capter les subsides des bailleurs de fonds internationaux, qui voient en elles le moyen de mieux contrôler les financements alloués.
Au Gabon, cette influence s’illustre de la manière la plus aboutie, puisque le ministre de l’environnement et du climat, Lee White, est un scientifique britannique issu de l’ONG Wildlife Conservation Society (WCS). En partant en reportage dans ce pays forestier du bassin du Congo, j’ai eu envie de raconter la trajectoire de cet homme singulier qui a accepté, au nom de ses engagements pour la nature, de lier son destin au régime autoritaire et kleptocrate d’Ali Bongo.
Lire l’article de Laurence Caramel

Dans le township de Soweto, s’asseoir sur un quai de gare permet de raconter le pays tout entier. Au-dessus des voies, les fils électriques disparaissent, engloutis par les « mangeurs de câbles ». Les voleurs en quête de cuivre ont redoublé d’efforts quand le confinement a mis les trains à l’arrêt. Depuis, le système est paralysé, les dégradations se poursuivent et pour les habitants des townships qui dépendent du rail – les plus modestes –, le quotidien est devenu un enfer.
Le phénomène montre tout à la fois les conséquences inattendues de la pandémie de Covid-19, la criminalité endémique sur fond de chômage de masse, l’inexorable délitement des services publics en Afrique du Sud… Dix mois après l’écriture de ce reportage, la situation ne s’est pas améliorée. Plus de 80 % du réseau de la province de Johannesburg est désormais hors service.
Lire l’article de Mathilde Boussion

Faut-il négocier avec des djihadistes ? Jamais cette épineuse question n’a été aussi centrale pour l’avenir du Mali. A la tête d’un pays harassé par dix ans de conflit malgré les multiples interventions militaires internationales, les autorités semblent de plus en plus enclines à s’engager sur la voie du dialogue. C’est d’ailleurs l’un des éléments clés du programme d’action du gouvernement de transition mis en place au lendemain du coup d’Etat de mai 2021.
Seulement, Paris s’est toujours opposé à ces discussions, n’hésitant pas à user de pressions pour faire fléchir Bamako. J’ai voulu comprendre les ressorts de cette confrontation à l’heure où les autorités de transition maliennes affichent de plus en plus clairement leurs velléités d’émancipation vis-à-vis de la France et alors que cette dernière s’apprête à réduire sa présence militaire au Mali avec la reconfiguration de l’opération antiterroriste « Barkhane ».
Lire l’article (Article réservé aux abonnés) de Morgane Le Cam